Derrière ce mythe se cache le principe le plus important de toute pratique du yoga.
Si vous faites déjà du yoga et que vous n’avez jamais entendu parler de ce qui suit, il manque une sacrée pierre de touche à votre pratique !
Le premier principe du yoga sur le tapis est ahimsa, c’est-à-dire la non-violence.
Vous pourriez me dire que ce n’est certainement pas dans un lieu feng-shui, comme une classe de yoga, que la violence va éclater. Mais nous savons très bien que la violence peut prendre de bien différentes formes.
Sur le tapis, donc pendant la pratique.
NON-VIOLENCE EST PRENDRE SOIN DE NE PAS DÉPASSER SES LIMITES.
Et comme je l’ai déjà dit, il y a une grande nuance entre dépasser ses limites et se dépasser !
Dépasser ses limites, c’est généralement se faire violence au risque de se blesser. Se dépasser c’est aller plus loin, dépasser notre zone de confort.
Se dépasser c’est repousser ses limites.
Il y a deux moyens très évidents de devenir sensible à nos limites :
1) LA DOULEUR
Quand on ne prend plus plaisir à pratiquer le yoga sur le tapis et qu’on a mal, c’est généralement un bon indice que l’on est au-delà nos limites.
Il existe deux types de douleurs à distinguer, celle qu’amène un sentiment d’étirement, de dépassement, celle qui est tolérable. Puis il y a celle qui n’a rien d’agréable, n’a rien de constructif ni de positif.
Ce type de douleur crée des tensions qui peuvent mener à des blessures.
Lorsque cette douleur se présente, quoi qu’on vous dise, vous devez arrêter, prendre une pause ou diminuer l’intensité. Vous pouvez opter pour des postures restauratives qui soulageront la tension. Vous devez écouter et apprendre à écouter ce que votre corps vous révèle, car vous êtes le meilleur gardien de votre forme et de votre santé!
2) LE SOUFFLE
Comme je l’ai déjà dit dans l’article Mythe # 1 : il faut être souple pour faire du yoga, le souffle est un excellent barème pour reconnaître ses limites physiques. Encore faut-il y être attentif !
Lorsque votre souffle se bloque lors d’un mouvement ou d’un enchaînement, vous forcez votre corps pour atteindre votre objectif et dépassez nécessairement vos limites.
L’ennui et le risque c’est que la plupart des gens ne se rendent pas compte qu’ils bloquent leur souffle durant un mouvement parce qu’ils sont trop concentrés sur le mouvement lui-même. Là est le danger ! Ayez toujours une petite attention pour l’état de votre souffle lorsque vous pratiquez le yoga ou n’importe quelle autre activité d’ailleurs.
La fluidité de votre souffle aussi important que la réalisation du mouvement, ne laissez pas l’un prendre le dessus sur l’autre. Il faut savoir laisser tomber le désir de performer à tout prix. À souffle fluide, mouvement fluide !
Pour reconnaître ses limites, il faut donc de l’écoute. Écouter les indices que nous donne notre corps. Avec la pratique et avec le temps, l’écoute devient fine et subtile, se dépasser devient un art. Se blesser devient presque impossible.
Quand j’ai commencé à écouter mes limites en yoga, j’ai eu l’impression que je régressais. Au début, pour quelqu’un qui est habitué à se surpasser, s’ajuster à un nouveau type de dépassement peut apparaître limitant.
Ce temps d’adaptation m’a permis de renforcer mon corps, de soulager les régions qui étaient tendues. Puis aujourd’hui, je me dépasse à chaque fois que je fais du yoga et je ne ressens aucune douleur ni avant ni pendant ni après. Ce temps d’adaptation a duré deux ans pour moi, où j’oscillais entre l’écoute et le dépassement de mes limites.
J’ai appris très vite que dès que l’on dépasse ses limites on doit absolument prendre le temps de restaurer son corps et lorsqu’on se dépasse aussi. Sinon, on se blesse ou on abandonne !
Ce principe de non-violence s’applique également hors du tapis. C’est ce principe que Gandhi a appliqué pour défendre ses idéaux. Ce peut être une philosophie qui porte loin! À plus petite échelle, c’est un rapport à soi, un rapport aux autres et un rapport à l’existence.
C’est un rapport à l’exercice où tout dépassement de soi demande une période de récupération. C’est aussi un rapport à soi, aux pensées que nous avons pour nous-mêmes, ne sont-elles pas régulièrement blessantes? Ne tombons-nous pas souvent dans le jugement envers nous-mêmes?
J’ai encore été bête, je suis grosse, je suis tellement nulle ! Nous avons tous des petites phrases destructives et doucereusement violentes à notre égard quand nous ne répondons pas à certaines de nos attentes. Arrêtez-vous deux minutes et prenez le temps de réaliser quelles sont les pensées blessantes qui vous sont propres. En avez-vous?
Comme pour le souffle, nous ne nous rendons pas compte des pensées que nous avons envers nous-mêmes au moment où nous les avons. C’est la même chose pour nos pensées face aux autres ou encore notre rapport à l’action, au travail, à la vie. Ce sont des habitudes, nous n’en avons plus conscience.
Respecter ses limites dans tous les aspects de sa vie et travailler avec ses limites permet de diminuer, voir d’annuler une forme de violence. Cette pratique permet d’entrer dans un rapport à soi positif.
Transformer son rapport au corps et aux pensées dans la pratique du yoga nous permet de faire la même chose en dehors de la pratique. C’est l’exercice d’un mode de vie, c’est choisir nos habitudes.
Dans les commentaires, dites-moi si vous la peur de vous blesser vous a déjà empêché de vous mettre en forme. Que ressentiez-vous?
Dites-moi aussi, pratiquez-vous la non-violence dans une certaine sphère de votre vie?
4 Comments
Salut !
Ce billet me fait penser au livre de Marshall Rosenberg que j’ai lu sur la « Communication non-violente ». L’auteur argumente que nous avons besoin d’une autre manière de nous traiter, basée sur plus d’écoute et moins de violence, et que l’écoute de soi est la meilleure manière de construire des relations durables avec les autres et de prévenir les conflits (inter-personnels ou même les guerres). En résumé, la CNV propose de porter attention à ses sentiments et ses besoins dans une situation donnée, et de les formuler face à soi ou face aux autres sous la forme d’un besoin clair, plutôt que des phrases destructrices comme « je suis nul » ou « tu es nul ».
J’essaye, dans ce sens, d’appliquer la non-violence dans toutes les sphères de ma vie. Je voulais souligner ici que je pense que le yoga est un excellent outil pour y arriver parce qu’il permet d’améliorer l’écoute que l’on peut avoir de soi. Écouter sa respiration et son corps tout entier dans le cadre du yoga me paraît une excellente pratique pour développer l’écoute de ses sentiments et de ses besoins. Comme l’argumente Rosenberg, je pense que le yoga peut donc avoir un impact réel sur notre capacité à établir des relations riches, respectueuses, et non-violentes avec les autres… et voir même à prévenir les guerres !
Merci pour le blog,
Christopher
Merci à toi Christopher, c’est un super commentaire! Je suis tout-à-fait d’accord avec toi. La communication non-violente est un formidable outils pour pouvoir comprendre et partager cette qualité d’attention et d’écoute que l’on peut avoir à l’égard de soi-même et des autres. Passer du jugement à l’écoute est un très grand pas. Cultivé par tous, ce principe transformerait les relations humaines à tous les niveaux en effet! Tous au yoga! 😉
La peur de me blesser ne m’a pas empêché de me mettre en forme, mais l’escalade ou à la course, m’apprend à gérer la douleur ou, plutôt, les sensibilités qui apparaissent dans mon corps de temps à autres.
En ce sens, j’essais de pratiquer la non-violence. Lorsque je n’y arrive pas, c’est que mon égo est en jeu, à chaque fois : »Allez, ça tire dans le bras, mais un dernier essais et ça va passer. » Ce qui revient à croire que ma valeur personnelle est fonction de ma performance. La gestion des limites dans le sport est un superbe travail sur l’égo !
Merci de votre super commentaire Antoine! En effet, apprendre à écouter les sensibilités et les limites du corps demande beaucoup d’humilité. C’est une très belle qualité à cultiver!