Après une semaine à explorer le Maroc berbère, au fin fond de l’Atlas, je reviens touchée au cœur. Oui, il y a eu du yoga, des heures de marche dans des paysages à couper le souffle (bien que nous prenions soin d’inspirer et d’expirer toujours un peu), un groupe de participants admirables, mais ce qui nous a le plus transformés, c’est la fabuleuse générosité des gens, des Berbères, que nous avons rencontrés, une générosité qui dépasse souvent l’hospitalité.
Nous pensons tous savoir ce qu’est la générosité, mais suite à cette expédition marocaine, je crois que nous avons encore beaucoup à apprendre sur cette qualité humaine, qui ne se limite pas toujours à une belle pensée ou à un beau geste, mais qui peut se vivre comme une expérience.
Au-delà d’actions ponctuelles, certains parviennent à être généreux de tout leur être et à tout instant. Je crois qu’il n’y a rien de plus yogi que ça. Les gens que nous avons rencontrés là-bas donnent chaque fois le meilleur d’eux-mêmes, car bien souvent ils donnent alors qu’ils n’ont rien.
J’ai une histoire à vous raconter – j’adore les histoires, surtout lorsqu’elles sont vraies.
UN GUIDE BERBÈRE, UNE GRANDE LEÇON
C’est l’histoire d’Abdellah, notre guide berbère, qui était jadis berger et qui travaille aujourd’hui pour Rencontres d’Aït Aïssa et pour l’association des droits de l’homme du Maroc. Après une sécheresse de plus de sept ans, il a dû quitter sa région désertique pour se rendre dans le Moyen Atlas, où la sécheresse n’avait pas tout brûlé. Les gens du Moyen Atlas n’ont pas vu sa venue d’un bon œil. Il était regardé par tous avec mépris. Un jour, dépouillé de presque tout, se disant qu’il valait mieux vendre une bonne part de son troupeau afin d’assurer la survie du reste, il s’est rendu au marché pour se défaire de ses bêtes. Mais tous les gens du marché se méfiaient de lui, ne voulaient pas acheter ses moutons, le voulaient loin de chez eux. Puis, une femme vêtue de blanc (une veuve), accompagnée de ses quatre enfants, s’est approchée et a demandé combien il les lui vendrait. Sachant que les veuves sont souvent pauvres et qu’il n’arriverait pas à vendre ses moutons, il lui a demandé combien elle les lui achèterait. Après quelques minutes et sans hésitation, il lui a offert tous ses moutons. Elle a pleuré, les gens du Moyen Atlas l’ont alors accepté et la chance a commencé à tourner pour lui : il a rencontré celle qui est devenue sa femme et il a commencé à se sortir d’une étouffante pauvreté.
Cette histoire, je la raconte pour souligner la générosité de cet homme.
Vous pourriez la lire tout simplement, mais je vous invite à tenter de ressentir cette histoire, de l’imaginer se dérouler devant vous, d’imaginer toutes les émotions qui ont traversé cette veuve et l’immense générosité, la qualité de présence qu’avait Abdellah à ce moment pour poser un tel geste.
C’est une générosité simple, spontanée, désintéressée qu’il porte toujours. C’est pour lui une manière d’être et chaque rencontre est l’occasion d’exercer cette générosité.
C’est ainsi qu’il est et qu’il choisit de demeurer, car il considère que c’est la manière la plus juste de vivre.
C’est ce même guide qui, voyant trois petites filles curieuses devant le bus d’étranges étrangers venus savourer la chaleur suffocante, a pensé leur offrir les trois biscuits qui restaient. À chaque instant, il y a la possibilité d’être généreux. Dans ces trois biscuits, il y avait bien plus que des biscuits : il y avait une attention et beaucoup d’amour.
EN QUOI LA GÉNÉROSITÉ EST-ELLE LIÉE AU YOGA
Comme je le dis souvent, la pratique du yoga est un outil pour harmoniser les différentes parties de notre être (l’esprit et le corps). Si on l’applique souvent d’abord sur un tapis, l’idéal est de l’appliquer peu à peu dans notre vie de tous les jours, afin d’apprendre à vivre en yoga et de ne pas seulement faire du yoga.
Vivre en yoga, c’est un rapport à soi et à la vie empreint de sagesse et d’écoute que l’on peut rencontrer chez des individus qui ne pratiquent pas du tout le yoga, comme Abdellah. Le yoga est une technique, un outil (riche, complexe et profond, par ailleurs) pour nous amener dans ce mode de vie afin que toutes les parties de notre être y participent.
LORSQUE ÇA CIRCULE AUSSI VERS L’EXTÉRIEUR
L’harmonisation des différentes parties de notre être est possible grâce à la circulation et à la mobilité de l’intérieur du corps et de l’esprit. Lorsqu’il y a circulation, il y a santé, il y a abondance.
On travaille beaucoup la circulation à l’intérieur de notre corps par la respiration, par les mouvements qui stimulent le mouvement des flux sanguins, de la lymphe et de l’énergie vitale. Mais une autre dimension de cette circulation qui est source de santé et de bien-être, c’est la circulation à l’extérieur du corps, entre nous!
Cette générosité est donc un état de disponibilité. Chez Abdellah, cette disponibilité le rend alerte à la moindre occasion de pouvoir partager, de pouvoir offrir de lui-même, de sa connaissance, de ce qu’il possède.
Cette qualité d’Abdellah, en termes yogiques, est que l’on pourrait appeler le Raja Yoga.
Pour plus de détails sur le Raja Yoga et des astuces pour le pratiquer, allez lire cet article : Le karma yoga !
Quelles sont vos habitudes en matière de générosité? (Attention il n’y a pas de bonnes ou de moins bonnes réponses, de meilleures manières d’être généreux… soyez généreux avec vous-mêmes!) Partagez vos expériences dans les commentaires !!
8 Comments
Super inspirante cette histoire. Merci de nous la partager, c’était vraiment agréable et touchant à lire.
Deux belles générosité que je me plais à offrir; des sourires, des vrais qui illuminent tout notre visage et une vraie écoute. Écouter pleinement quelqu’un qui en a besoin et ne pas ramener la conversation vers soi, de nos jours, je trouve que c’est devenue un acte de générosité!
Tranche de vie….je suis une personne qui adore les livres de références sur la méditation, le yoga et la prise de conscience. Habituellement je les dévorent du début à la fin lentement et je reviens souvent sur certain passage. Dernièrement, deux de mes connaissances ont démontrés un besoin de recourir à ses ouvrages pour apaiser des chagrins dans leur vie. Chose que je n’aurais jamais pensé faire, a été de leur remettre des livres que j’étais en cour de lecture. Leur besoin et leur détresse étaient tellement grand, que spontanément, j’ai eu un réel plaisir et un élan d’amour à offrir ces ouvrages.
Parfois de tout petits gestes peuvent offrir de grandes richesses. 🙂
Bon retour chère Noémie et merci pour cette histoire révélatrice, je remarque que ce sont souvent ceux qui ont le moins qui donnent le plus. Offrir du temps et de l’écoute est pour ma part devenu un acte de générosité dans cette société du tout de suite et chacun pour soi.
J’ai cependant à apprendre à recevoir. Accepter la générosité n’est pas chose facile, c’est confrontant !
J’ai entendu cette phrase un jour que j’ai trouvée pleine de sagesse : la plus grande des générosité, c’est de savoir recevoir ! Chaque fois que je m’y arrête, cette vérité me saisit un peu plus ! En espérant qu’elle résonne pour toi aussi ! 😉
Merci pour ce partage Noémie. De tels récits nous font du bien et nous rappellent aussi que nous sommes tous liés. Cet homme a fait un très beau geste en offrant ses chèvres il a (à mon avis) donné à plus pauvre que lui et il en a été récompensé ( là haut rien ne se perd !!! ). Sa gentillesse, sa bonté ont dû vraiment toucher cette femme.
En terme de générosité j’aime bien donner des livres car je trouve que 1 on leurs donnent une deuxième vie et 2 ils font du bien à ceux qui les reçoivent. mais au delà de cela, j’ai appris à considérer l’argent comme de l’eau pour moi l’argent n’est rien d’autre qu’une énergie qu’il faut recevoir et redistribuer et plus on reçoit » d’eau » dans sa vie plus il faut donner à boire…
Merci pour votre post.
Merci à toi Thierry pour ce commentaire ! Partager des livres, c’est aussi partager une expérience. Et les expériences, c’est une des choses les plus précieuses à mon avis, c’est une des formes les plus complètes de connaissance. Formidable !
WOW! Comment faire un plus beau lien entre générosité, confiance en l’abondance et acceptation de recevoir. Cela permet de vivre la loi de l’Univers sur l’équilibre entre le donner et le recevoir. Je ne sais pas si vous êtes aussi passés par là, mais moi, dans ma quête de soi, j’ai été un bon moment à tellement vouloir me donner et à ne presque plus donner aux autres, car je me cherchais moi-même que j’en ai perdu ma générosité, mon don de soi qui était à l’autre extrême avant cela… Bref, s’oublier soi au profit des autres et oublier les autres au profit de soi n’est pas mieux! Maintenant, je suis à la recherche de cet équilibre et je reprends vraiment goût à redonner de moi-même, tout en me respectant. Merci cela sera le thème de mon prochain cours de yoga! AMOUR XXX
Merci Karine de nommer cet équilibre essentiel ! Je crois que l’oubli – des autres ou de soi même – devrait inviter à la présence, à la conscience de soi puis des autres. C’est un des dons que l’être humain a reçu ! Alors on peut tout donner, sans oublier.