Ressentir et écouter sont les maîtres mots de la non-violence. Ce principe, dans sa plus simple expression, devient une expérience de compassion.
La non-violence est assez facile à appliquer lorsque tout va bien. Par contre, cela devient beaucoup plus exigeant lorsque notre environnement est plus hostile, lorsque l’on vit du stress et des peurs. Nos plus belles intentions s’évaporent alors rapidement. C’est à ce moment que la pratique du Yoga devient un exercice idéal pour cultiver la non-violence dans les bas comme dans les hauts de notre quotidien.
Les Yamas, principes éthiques du Yoga, constituent la première de huit étapes (des huit branches) vers l’harmonie absolue que propose la voie du Yoga. Le premier de tous les préceptes des Yamas est la non-violence. Pratiquer cet art qui est la non-violence est intrinsèque à la maîtrise des postures, à la méditation comme aux techniques de respiration. Sans non-violence, pas de Yoga.
Facile à dire, mais comment faire ?
Pour beaucoup, souhaiter et produire des résultats palpables est un objectif quotidien. Nous avons des objectifs dans notre vie professionnelle, dans notre vie personnelle, dans tant de sphères de nos vies. Nous entrons dans le Yoga avec la même perspective : nous avons souvent comme objectif de bien réaliser une posture. Mais qu’est-ce que cela veut dire réellement ? Bien souvent, on considère que bien faire une posture veut dire qu’elle doit correspondre à une forme précise. Par exemple, bien faire la pince signifie que l’on doit toucher nos orteils… n’est-ce pas ?
Et si l’on abordait tout cela autrement. SI la non-violence était la porte d’entrée ?
Le corps n’a pas à se plier à une exigence, à une attente, à un idéal ou à une forme. Le corps vit, le corps expérimente, il joue.
Ici, commence la non-violence.
La pratique de la non-violence est une posture intérieure que l’on emprunte pour aborder les postures du corps physique. Ce n’est pas une évidence quand on est souvent conditionné à se surpasser.
On peut se répéter ce principe de non-violence cent fois, lire sur son sujet, pourtant on ne saisit toute sa mesure que lorsque l’on commence à en faire l’expérience. Ressentir cette non-violence peut prendre du temps.
Le souffle est un outil essentiel pour vous installer dans cette posture intérieure. En effet, si votre respiration se bloque lors d’un mouvement ou d’un enchaînement, c’est que vous forcez votre corps pour atteindre votre objectif et vous dépassez nécessairement vos limites.
Lorsque l’on retient son souffle pour réaliser une posture, on force notre corps, on lui impose un objectif sans prendre le temps de le ressentir pour voir s’il est disposé à le faire. Le corps n’a pas toujours l’espace pour s’expérimenter ni l’espace pour jouer. D’une certaine façon, on lui fait violence. Ainsi agressé, le corps se crispe.
La fluidité du souffle est aussi importante que la réalisation du mouvement. En fait, la maîtrise du souffle fait partie intégrante du mouvement. Apprendre à laisser tomber le désir de performer à tout prix (et se rendre compte que, même si l’on sait que la performance n’est pas adéquate, on a souvent le réflexe de ce désir) est important et peut se transformer par le souhait d’écouter le corps.
Un souffle fluide mène à un mouvement fluide ! Grâce à l’écoute du souffle, il devient presque impossible de se blesser.
La pratique physique devient une excellente source d’inspiration pour la vie quotidienne : vous apprenez à vivre la non-violence même devant le stress, la pression, la peur (tout ce qui fait que l’on retient notre souffle !). Avec le temps, l’écoute devient fine et subtile, se dépasser sans dépasser ses limites devient un art.
Être non-violent, c’est se permettre de se sentir libre. Toute forme de violence, si petite soit-elle, est une contrainte.
Si le fait de forcer votre corps à se conformer à vos attentes ou à vos objectifs limite votre souffle et tend votre corps, il fait de même avec votre esprit. Lorsque vous tentez de réaliser coûte que coûte une posture exigeante, vous ne contemplez plus la lumière du jour ou la douceur de l’air, vous ne souriez plus, il n’y a qu’une chose qui compte alors : que votre corps se plie à votre exigence.
Le « mental » impose ainsi sa volonté et sa vision à laquelle le corps doit se plier. D’ailleurs, si cela se produit parfois en Yoga à travers les exercices de postures, c’est encore plus fréquent au quotidien dans notre rapport à nous-mêmes et aux autres.
Le mental impose sa vision, le reste doit suivre. Yiengar, Maître Yogi, disait que dans le Yoga on sculpte le corps pour sculpter l’esprit. La non-violence, cette posture intérieure, se cultive donc en sculptant l’esprit également.
La suite de cet article et des astuces pour cette posture intérieure de non-violence la semaine prochaine !
Cet article a d’abord été publié dans la revue Mieux-Être.
3 Comments
Merci Noémie pour ce texte simple et inspirant.
Cette notion de non-violence et de performance a longtemps été un mystère pour moi. Bien que souvent j’avais l’impression de ne pas me faire violence ou de ne pas être dans la performance, mon corps, lui, en décidait autrement, et souvent, je n’arrivais pas trop à comprendre ce qui se passait.
Maintenant j’aspire à mieux m’écouter.
Pour l’instant, le Yoga Nidra, ainsi que prendre le temps de m’arrêter pour faire le point, soit par la méditation ou en allant marcher, m’aide à me recentrer.
Un autre outil que je trouve fort utile aussi est l’écriture.
Si j’ai dépassé mes limites et que je n’arrive pas trop à saisir comment et pourquoi, j’écris comment je me sens, qu’est-ce qui m’habite, et après, je prend le temps de nommer quelques gratitudes en passant, ce qui m’aide à remettre les choses en perspective et me permet de voir que tout n’est pas que noir. Cela m’aide à redevenir positive plus rapidement.
En fait, plus je prend le temps d’écrire quelques gratitudes chaque jour et plus ça m’aide. Plus ça m’aide, plus ça m’encourage. 🙂
Karine
Bonjour Karine ! Il y souvent cette dissociation que nous faisons avec le temps (car on apprend pas à faire autrement à l’école) entre les limites du corps et les limites du « mental ». Notre tête pense quelque chose mais elle n’écoute pas le corps. En fait elle est tellement convaincue, qu’elle impose sa vision au corps. Avec le temps le corps se fatigue, il rechigne doucement puis, si on ne l’écoute pas, il fini par crier fort, par imposer à son tour ses limites au mental… qui n’y comprend rien. 🙂 Je parle de cela dans le second article à ce sujet. La Non-violence est l’exercice de la compassion, en réalité. La compassion, c’est souhaiter le dépassement de la souffrance et agir en conséquence. Compassion du mental envers le corps, et du corps envers le mental. La patience et la lenteur son alors de mise ! Bravo pour ce chemin Karine, c’est tout un chemin, il révèle ce qu’il y a de plus beau en nous ! 🙂
Par la pratique du Yoga,
Devenir ocean de Lumiere;
Pour que nos coeurs refletent l Univers
Et nos corps dansent avec Shiva…