Comme je l’ai mentionné dans mon dernier article, le yoga peut être sportif ou non. C’est toujours le yoga qui devrait s’adapter à celui qui le pratique et non le contraire.
Il y a pourtant régulièrement une personne qui se présente dans un cours de yoga sportif et qui pense que c’est elle le problème!
Dans ce genre de situation, vous pensez que les limites actuelles de votre corps sont la réelle source du problème, que vous n’êtes pas aussi compétent que votre voisin, aussi mince que lui et que vous êtes alors plus limité dans votre mobilité. Bref, vous ne devriez plus faire de yoga, car de toute façon vous n’avez pas le corps qu’il faut pour y arriver. C’est faux !
En réalité, soit ce n’est simplement pas le bon cours pour vous (pour le moment :)), soit il vous manque quelques outils pour vous ajuster ! En attendant, cette situation est profondément désagréable et vous blâmez votre apparence et vos capacités physiques !
Moi aussi quand j’ai commencé le yoga j’avais l’impression d’être empêtrée dans mon propre corps. Je me poussais pour être aussi compétente que mes voisins, car je me sentais gauche, inconfortable et disgracieuse. Je terminais la classe épuisée de cette course contre moi-même, confirmant que je n‘étais pas satisfaite de mon corps sous toutes ses formes. C’était peu efficace !
En Amérique du Nord et en Europe, le yoga est de plus en plus associé aux canons de beauté occidentaux de l’ère du temps. Pour faire du yoga, beaucoup pensent qu’il faut être jeune, mince, musclé, en forme et que, bien sûr, il ne faut pas avoir de douleur ni de limites physiques!
Votre regard se porte alors généralement sur le yoga de la même manière que sur le footing, l’escalade ou le foot : il faut déjà une certaine forme physique pour commencer l’entraînement.
Si l’on suit cette logique, il faudrait donc posséder les bienfaits qu’offre le yoga avant de commencer la pratique du yoga. Absurde n’est-ce pas ?! 🙂
C’est comprendre la pratique du yoga à l’envers !
Les postures intermédiaires ou avancées de yoga demandent une force, une souplesse et une concentration importantes. Ces postures ne seront réalisées que si toutes ces capacités sont maîtrisées et cela s’acquiert en pratiquant les postures débutantes.
Pour le yoga, ce n’est pas le cas. Corps en forme de poire ou en forme de pomme, grand ou petit, toutes les postures peuvent être adaptées pour que l’exercice soit agréable et bénéfique.
Si vous pratiquez un sport, c’est pour être en forme et c’est aussi souvent pour être physiquement plus attirant, plus désirable, plus conforme à votre idéal de la beauté.
Par cette grande importance portée à l’apparence aujourd’hui, vous êtes très souvent en relation avec votre corps comme apparence physique. Cela vous amène dans une relation assez déséquilibrée, car l’apparence physique (que vous en soyez content ou non) prend une place disproportionnée face à tout ce qu’est l’expérience du corps.
Le corps c’est aussi des sensations, une aisance et des tensions, un rapport à notre santé, qui vit nos peines et nos joies, c’est également une forme de véhicule qui nous supporte dans nos élans, dans nos mouvements chaque jour !
Lors de la pratique du yoga, j’en vois beaucoup qui se projettent dans un certain idéal physique! Nous pratiquons donc un sport dans l’attente d’une certaine apparence physique!
Dans l’attente se cache souvent le fait de ne pas apprécier ce qui est là maintenant : appréciez-vous votre corps, tel qu’il est, même s’il n’est pas parfaitement en forme ?
Quand j’ai commencé le yoga, je n’étais pas très en forme, et j’étais loin d’aimer ce que je voyais dans le miroir! J’avais un rapport très négatif avec mon corps au grand complet, car à l’époque ce que je considérais de mon corps était principalement l’apparence. Je voulais tellement avoir un autre corps. Avec la pratique, j’ai appris à l’apprécier tant pour ses fonctions intérieures que pour l’extérieur. J’ai des amis pour qui c’est le contraire. Très satisfaits de leur apparence, ils ont pu enrichir leur perspective et ne pas baser le quotidien sur leur apparence.
Chercher à combler un idéal passe parfois même par un rejet, une négation, un dédain, de notre corps dans son état actuel, pour chacune de ses parties ou dans sa globalité.
Le yoga vous amène à poser un regard harmonieux sur votre corps. Le yoga vous amène à :
1) À accepter l’état, l’apparence, les capacités et les limites de notre corps au moment présent.
Vous découvrez peu à peu les muscles, les os, les tendons, les organes, les tensions, les ouvertures, les limites et les possibilités de votre corps. Vous découvrez le mouvement complexe et pourtant si précis de votre corps. Vous y découvrez aussi de nouvelles sensations : de soulagement, de relâchement, de circulation fluide, de bien-être. Vous devenez de plus en plus sensible à la riche complexité du corps humain. Vous ressentez avec plus de finesse la tension et la détente.
Vous découvrez que votre corps est bien plus qu’apparence ! Vous apprenez à valoriser, à apprécier, à aimer toute cette vie, toute cette activité interne.
2) À accepter que tous ces aspects de votre corps puissent changer et se transformer profondément et rapidement. (Comme Isabelle l’a mentionné dans yoga pop !)
Plus vous observez et reconnaissez l’état actuel de votre corps, tant au niveau interne qu’externe, plus vous pouvez adapter le yoga à vos particularités, plus votre corps se transformera rapidement. Vous apprenez à lui donner ainsi tout ce dont il a besoin pour progresser, pour être plus en santé, pour avoir la forme!
3) À accepter que vous ayez votre rythme propre et que ce rythme soit incomparable à celui des autres.
Si on résiste à regarder et à accepter notre corps tel qu’il est, son état extérieur et intérieur, l’apprentissage sera plus lent. En voulant se mesurer aux autres, on résiste à notre propre rythme. Cela demande une grande dose d’humilité, même pour les grands sportifs et cela ne nous empêche pas de nous laisser inspirer par les plus habiles !
Plus vous connaîtrez et reconnaîtrez votre rythme, plus vous pourrez vous dépasser.
Dans la pratique du yoga, il est vraiment difficile de dire : « C’est trop facile je n’en ferai plus ! » ou « C’est trop difficile, je ne le pratiquerai pas ! ». Apprendre à se connaître, à rencontrer le juste niveau de difficulté, à savoir s’arrêter ou se pousser un peu plus loin est un art. C’est un art qui demande de l’écoute et un certain apprentissage physiologique.
Plus la pratique du yoga est régulière, plus cette écoute devient précise. Vous apprenez à vous connaître sous un autre registre. Vous développez une relation avec votre corps dans toute sa complexité, vous apprenez à apprécier ce qui est et entretenez une relation beaucoup plus équilibrée avec votre apparence : c’est un élément parmi tant d’autres.
Couché sur le dos, complètement détendu, passez en revue chaque membre de votre corps : pieds, chevilles, jambes, etc. À chaque partie du corps, reconnaissez à quoi elle vous sert et appréciez ce qu’elle vous fait vivre chaque jour. Par exemple, vos jambes vous permettent de marcher, de bondir s’il y a un danger, de vous porter d’un endroit à l’autre, de vous lever, de vous baisser pour regarder un enfant dans les yeux, de nager, etc. Appréciez-le, sincèrement ! Qu’en est-il de votre ventre, de votre cœur, de votre visage?
2 Comments
Merci Noémie vraiment WOW pour ton blog et très bonne lecture sur apprivoisez votre corps cela arrive juste au bon moment pour moi .
Merci pour ton super commentaire Sylvie et je suis ravie que cette lecture t’aie fait du bien! 🙂